Les embouteillages ne sauveront pas le climat
Le nombre élevé d'heures d'embouteillage fait grimper considérablement les émissions de CO2 des véhicules. Réduire les goulets d'étranglement sur les routes nationales pour fluidifier le trafic bénéficie donc également au climat.
De Mario A. Bonato, économiste d'auto-suisse
En effet, la consommation de carburant et avec elle les émissions de CO2 des véhicules à moteur thermique augmentent considérablement lorsque ces derniers se déplacent dans un embouteillage. La raison en réside dans le trafic «stop and go», les freinages et les réaccélérations. Entre 10 et 15 % des émissions de CO2 dues au trafic mesurées dans et autour de grandes villes internationales ont été attribués aux embouteillages. D'autres études montrent qu'un lissage du trafic réduit les émissions de CO2 d'environ 12 %.
La surcharge des routes comme source des embouteillages
La Suisse a un grand retard à combler en matière de réduction des embouteillages. En 2023, on a enregistré un creux record en matière de politique des transports. La Suisse a passé plus de 48'000 heures dans des embouteillages. En 2000, on n'en était même pas à dix pour cent de ce chiffre avec 4'300 heures. On considère qu'il y a embouteillage lorsque la vitesse est de moins de 10 km/h pendant au moins une minute et que le trafic est souvent immobilisé. Mais quelles sont les raisons de ce nombre record d'heures d'embouteillage? Les accidents et les chantiers? Selon l'enquête de l'Office fédéral des routes (OFROU), ceux-ci représentent moins d'un huitième de toutes les causes. Près de 87 % des embouteillages sont simplement dus à la surcharge des routes nationales, et non à des perturbations temporaires. Cet inconvénient est donc la conséquence de décennies de négligence dans le développement des infrastructures.
Voie libre vers l'objectif climatique
Il règne une grande méconnaissance des effets externes négatifs des embouteillages chez ceux qui se disent les avocats du climat. Combattant le développement des autoroutes en général, ils vont jusqu'à souligner leur nuisance pour le climat. Ils demandent également une «réduction importante des kilomètres parcourus en voiture». Or, pour lutter efficacement contre le changement climatique, il faut éviter les embouteillages et forcer la transformation vers des technologies de propulsion neutres en CO2. L'infrastructure globale doit en outre répondre aux nouveaux besoins de transport, générés par l'économie suisse, les changements démographiques et la croissance de la population.
En Suisse, le trafic routier est tout de même responsable de 11,9% des émissions de gaz à effet de serre dans la perspective de la consommation. Si l'on met cela en relation avec la surcharge des routes comme cause des embouteillages et la part de trafic des routes nationales, une réduction des embouteillages pourrait, dans le meilleur des cas, permettre d'économiser plus de 780'000 tonnes d'équivalents CO2. Cela représenterait 10,8 % de la réduction restante dans le trafic routier pour atteindre la valeur cible intermédiaire 2031–40 de l'objectif net zéro inscrit dans la Constitution, et donc une contribution non négligeable à la réalisation de l'objectif climatique suisse.
Et dire que pour réaliser cette réduction, il n'est même pas nécessaire d'inventer de nouveaux impôts ou fonds: le financement des économies de CO2 est déjà assuré – par le Fonds pour les routes nationales et le trafic d'agglomération (FORTA), dont l'alimentation est suffisante et respecte en outre le principe de causalité.
Les innovations automobiles comme soutien au climat
Il existe en outre des tentatives supplémentaires de résoudre le problème des émissions de CO2 dues aux embouteillages du côté des fabricants. La technologie «start-stop», qui coupe automatiquement le moteur lorsque le véhicule s'arrête, fait déjà partie des équipements standard. Par ailleurs, les performances d'innovation des constructeurs automobiles sont largement sous-estimées. Ce ne sont pas les véhicules à combustion, mais les véhicules électriques qui détermineront le paysage routier à l'avenir. L'amélioration générale de l'efficacité par une innovation permanente et l'augmentation de la part des véhicules à batterie apportent un soutien supplémentaire.
Les raisons de fournir une infrastructure qui évite les embouteillages et la circulation en accordéon sont nombreuses. Il est urgent de lisser le trafic sur les routes nationales, notoirement surchargées. Cette problématique est visée par le projet STEP, qui élimine les goulets d'étranglement et augmente la fluidité du trafic. Les «amis du climat», pour leur part, ne veulent pas reconnaître le problème des embouteillages. Cette idéologie prend des dimensions curieuses. Jusqu'à une demande de supprimer les annonces d'embouteillages. Mettre la tête dans le sable, rêver et faire abstraction de la réalité – on se demande comment cela permettrait de résorber les embouteillages.
Ceux qui acceptent la réalité, veulent résoudre le problème des embouteillages et préserver le climat voteront OUI à la sécurisation des routes nationales le 24 novembre.